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dcrdits auprs des gens de bon sens.
Ils se sont jets dans des dtails inutiles ; ils ont donn dans les cas particuliers, ce qui marque un gnie
troit qui ne voit les choses que par parties, et n'embrasse rien d'une vue gnrale.
Quelques-uns ont affect de se servir d'une autre langue que la vulgaire : chose absurde pour un faiseur
de lois. Comment peut-on les observer, si elles ne sont pas connues ?
Ils ont souvent aboli sans ncessit celles qu'ils ont trouves tablies ; c'est--dire qu'ils ont jet les
peuples dans les dsordres insparables des changements.
Il est vrai que, par une bizarrerie qui vient plutt de la nature que de l'esprit des hommes, il est
quelquefois ncessaire de changer certaines lois. Mais le cas est rare, et, lorsqu'il arrive, il n'y faut toucher
que d'une main tremblante : on y doit observer tant de solennits et apporter tant de prcautions que le
peuple en conclue naturellement que les lois sont bien saintes, puisqu'il faut tant de formalits pour les
abroger.
Souvent ils les ont faites trop subtiles, et ont suivi des ides logiciennes plutt que l'quit naturelle.
Dans la suite, elles ont t trouves trop dures, et, par un esprit d'quit, on a cru devoir s'en carter ; mais ce
remde tait un nouveau mal. Quelles que soient les lois, il faut toujours les suivre et les regarder comme la
conscience publique, laquelle celle des particuliers doit se conformer toujours.
Il faut pourtant avouer que quelques-uns d'entre eux ont eu une attention qui marque beaucoup de
sagesse : c'est qu'ils ont donn aux pres une grande autorit sur leurs enfants. Rien ne soulage plus les
magistrats ; rien ne dgarnit plus les tribunaux ; rien, enfin, ne rpand plus de tranquillit dans un Etat, o
les moeurs font toujours de meilleurs citoyens que les lois.
C'est, de toutes les puissances, celle dont on abuse le moins ; c'est la plus sacre de toutes les
magistratures ; c'est la seule qui ne dpend pas des conventions, et qui les a mme prcdes.
On remarque que, dans les pays o l'on met dans les mains paternelles plus de rcompenses et de
punitions, les familles sont mieux rgles : les pres sont l'image du crateur de l'univers, qui, quoiqu'il
puisse conduire les hommes par son amour, ne laisse pas de se les attacher encore par les motifs de
l'esprance et de la crainte.
Je ne finirai pas cette lettre sans te faire remarquer la bizarrerie de l'esprit des Franais. On dit qu'ils ont
retenu des lois romaines un nombre infini de choses inutiles et mme pis, et ils n'ont pas pris d'elles la
puissance paternelle, qu'elles ont tablie comme la premire autorit lgitime.
De Parts, le de la lune de Gemmadi 1719.
Lettre CXXIX. Usbek Rhdi, Venise 173
Lettres persanes
Lettre CXXX. Rica ***
Je te parlerai dans cette lettre d'une certaine nation qu'on appelle les nouvellistes, qui s'assemble dans un
jardin magnifique, o leur oisivet est toujours occupe. Ils sont trs inutiles l'Etat, et leurs discours de
cinquante ans n'ont pas un effet diffrent de celui qu'aurait pu produire un silence aussi long. Cependant ils se
croient considrables, parce qu'ils s'entretiennent de projets magnifiques et traitent de grands intrts.
La base de leurs conversations est une curiosit frivole et ridicule : il n'y a point de cabinet si
mystrieux qu'ils ne prtendent pntrer ; ils ne sauraient consentir ignorer quelque chose ; ils savent
combien notre auguste sultan a de femmes, combien il fait d'enfants toutes les annes ; et, quoiqu'ils ne
fassent aucune dpense en espions, ils sont instruits des mesures qu'il prend pour humilier l'empereur des
Turcs et celui des Mogols.
A peine ont-ils puis le prsent qu'ils se prcipitent dans l'avenir, et, marchant au-devant de la
Providence, ils la prviennent sur toutes les dmarches des hommes. Ils conduisent un gnral par la main, et,
aprs l'avoir lou de mille sottises qu'il n'a pas faites, ils lui en prparent mille autres qu'il ne fera pas.
Ils font voler les armes comme les grues et tomber les murailles comme des cartons ; ils ont des ponts
sur toutes les rivires, des routes secrtes dans toutes les montagnes, des magasins immenses dans les sables
brlants ; il ne leur manque que le bon sens.
Il y a un homme avec qui je loge, qui reut cette lettre d'un nouvelliste. Comme elle m'a paru singulire,
je la gardai. La voici :
MONSIEUR,
Je me trompe rarement dans mes conjectures sur les affaires du temps. Le 1er janvier 1711, je prdis
que l'empereur Joseph mourrait dans le cours de l'anne. Il est vrai que, comme il se portait fort bien, je crus
que je me ferais moquer de moi si je m'expliquais d'une manire bien claire : ce qui fit que je me servis de
termes un peu nigmatiques ; mais les gens qui savent raisonner m'entendirent bien. Le 17 avril de la mme
anne, il mourut de la petite vrole.
Ds que la guerre fut dclare entre l'empereur et les Turcs, j'allai chercher nos messieurs dans tous les
coins des Tuileries ; je les assemblai prs du bassin et leur prdis qu'on ferait le sige de Belgrade, et qu'il
serait pris. J'ai t assez heureux pour que ma prdiction ait t accomplie. Il est vrai que, vers le milieu du
sige, je pariai cent pistoles qu'il serait pris le 18 aot ; il ne fut pris que le lendemain. Peut-on perdre si
beau jeu ?
Lorsque je vis que la flotte d'Espagne dbarquait en Sardaigne, je jugeai qu'elle en ferait la conqute ;
je le dis, et cela se trouva vrai. Enfl de ce succs, j'ajoutai que cette flotte victorieuse irait dbarquer
Final, pour faire la conqute du Milanais. Comme je trouvai de la rsistance faire recevoir cette ide, je
voulus la soutenir glorieusement : je pariai cinquante pistoles, et je les perdis encore : car ce diable
d'Alberoni, malgr la foi des traits, envoya sa flotte en Sicile et trompa tout la fois deux grands politiques,
le duc de Savoie et moi.
Tout cela, Monsieur, me droute si fort que j'ai rsolu de prdire toujours et de ne parier jamais.
Autrefois nous ne connaissions point aux Tuileries l'usage des paris, et feu M. le comte de L... ne les souffrait
gure. Mais, depuis qu'une troupe de petits-matres s'est mle parmi nous, nous ne savons plus o nous en
sommes : peine ouvrons-nous la bouche pour dire une nouvelle, qu'un de ces jeunes gens propose de
Lettre CXXX. Rica *** 174
Lettres persanes
parier contre.
L'autre jour, comme j'ouvrais mon manuscrit et accommodais mes lunettes sur mon nez, un de ces
fanfarons, saisissant justement l'intervalle du premier mot au second, me dit : "Je parie cent pistoles que
non." Je fis semblant de n'avoir pas fait d'attention cette extravagance, et, reprenant la parole d'une voix
plus forte, je dis : "M. le marchal de*** ayant appris... - Cela est faux, me dit-il. Vous avez toujours des
nouvelles extravagantes, il n'a pas le sens commun tout cela." [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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